• Sous les gants, les mains brûlent. Le souffle est lent, les boucles lasses. Le tisonnier est toujours dans les braises, mais il n’a pas bougé depuis des jours.

    " Les dessins sont en instance de scan, les textes sont en attente de plume...

    " L’atelier est en révision numérologique : des chiffres et des chiffres, et des formules magiques pour les traduire.

    The Passage of Time, [ToniVC]

     

    " Et sinon, vous avez été voir du côté de la Hongrie récemment ?

    " …

    " Jules Renard me manque. "

     


    The Passage of Time, [ToniVC]

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  • Au salon de l'étudiant. Intéressant de retrouver, dans la foule, ce que le premier l'oeil a remarqué : quelques dreadlocks sur un sarouel, une mèche longue sur un piercing par là, un quatuor d'hôtesse de l'air qui marche en rythme, talons et vestes alignées, quelques "men in black" désabusés, une forte odeur de mayonnaise dès dix heures du matin, des bribes de "Sa mère !" et autres expressions djeuns. Les représentants SMENO et Cie  apostrophent tout un chacun comme autant d'amis de longue date, des jeunes devant les stands parlent à d'autres jeunes derrières les stands, ou à des moins jeunes parfois...

    Dans la grande salle quadrillée de numéros et de lettres, on se croirait au coeur d'un Bataille Navale.

    La jeune femme debout qui distribue des journaux, enchantée de trouver un peu de compagnie lorsque P. et moi-même allons lui parler. Séance de morpion géant au stand du journal régional, P. gagne, elle repartira avec un stylo. Pour l'heure, la jeune femme profite de notre présence pour aborder quelques thématiques classique : Bac +5 mais encore à trainer les ballerines sur les salons, les p'tits boulots ont la vie dure, et puis honnêtement que faire avec un Master de droit (?), ces retraites qui nous bouffent la vie, les manifs, les manifs, et puis bon...

    - Aucun d'entre vous n'a de parents à la SNCF ? Non parce que, c'est quand même abusé le tapage qu'ils nous font alors qu'ils ont encore la retraite super tôt !

    - Et la possibilité de se balader partout à l'oeil !

    - Mais exactement ! Alors du coup, moi, j'me rattrape en fraudant. Toute façon, au prix de l'amande, c'est rentable. "Comment ? J'ai pas de billet non... Vingt euros ? Si vous saviez tout ce que j'ai économisé depuis le mois de septembre !"

    Nous conseille, si l'on veut aller jusqu'à Calais, des horaires indécents pour ne pas croiser le fantôme d'un contrôleur. Assez fière de se venger, à son échelle, de tous ces privilèges dont elle ne bénéficie pas.

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    Malgré tout ce que Prince of Persia - film a pu m'offrir de déception, j'en garde un souvenir marqué. Les visuels ont leur effet, on ne peut pas lui enlever ça. Pour ce qui est du reste...

    Pop en chute libre


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  • Dès que la nuit tombe, les rues prennent un aspect féérique - il serait si facile de se perdre entre deux mondes. A travers les reflets d’un lampadaire dans la vitrine, on revoit des souvenirs profondément ancré, comme écrit au briquet, tremblotants.

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     A breveter : un système d’analyse capable de concurrencer le tarot, qui se baserait sur la composition des menus des clients du Subway.

     


      «  - Un dessert ?

    - Hum, un cookie.

    - Oui quelle saveur ?

    -  Ben je sais pas, avec des pépites dedans…

    - Quelle saveur ?!

    - Classique, normal, de base quoi !

    - Cookie classique, très bien. »

    Cette fâcheuse impression, face à la serveuse, d’être comme Ali Baba devant la caverne merveilleuse et qui découvrirait qu’on a changé le mot de passe.

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    Croquis de début janvier  -  Retardataires, prenez garde ! 

    Crock

    Krok


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  •  Droit sur l'estrade, le menton haut, les manches relevées, le peintre place ses quatre pinceaux entre ses doigts et fixe son regard sur la toile.

    Soudain, en quelques gestes aussi rapides que précis, il lance sa main ; et voilà la toile blanche balafrée de traits jaunes, rouges, mauves, bleus. Les mouvements sont trop rapides pour l'œil, seul le résultat apparait aux regards pleins d'impatience, et le dos de l'artiste ne laisse rien percevoir de ses sentiments au reste de la foule. Le peintre se fige, enfin, en attente, comme tous les autres, avec cette légère appréhension dans les yeux.

    Puis très doucement, comme des fleurs en train d'éclore, les traits de peintures se gorgent de couleurs, d'abord imperceptiblement puis de plus en plus nettes, des larmes aux bords d'invisibles paupières, et finissent par déborder. Lentement, petit à petit, le rouge s'écoule autour de sa tâche, le mauve agrandi son territoire, le jaune et le bleu se rejoignent sans se mélanger, et chaque couleur se répand en une magnifique arabesque sur l’ensemble du tableau.

    Les spectateurs applaudissent, certains hommes sifflent, les enfants et quelques femmes poussent des cris admiratifs, et le peintre continue de fixer sa toile, fier - et quelque peu soulagé.

     

    What are your favorite colors?

    What are your favorite colors ?, [Daniel Colvin]

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    • Lecture du moment : sanglant, facile, répétitif...

    Bribes d'ailleursSoutenue de chaque côté par un homme des forces d'intervention rapide, elle fixait des yeux la caméra, le visage crispé dans un rictus sordide. Sur sa tempe droite, à moitié caché par des mèches de cheveux hirsutes, on devninait un caillot gluant rouge sombre.

    Shûya n'avait pas oublié ces images, en particulier le sourire hystérique de ses lèvres grimaçantes, même si, à l'époque, il n'en avait pas  crompris le sens.

    Le jeune homme savait désormais que, ce jour-là, il avait vu pour la première fois le visage de la folie.

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    Akamatsu hésita un instant devant cette porte ouverte sur l'abîme : avant de disparaître dans le noir, il se retourna vers le reste de la classe en jetant à tous un regard horrifié.

     On entendit ses pas pendant quelques secondes, un bruit de course lourd et pénible qui allait s'éloignant. Ensuite, une sorte de "plaf" comme un corps qui chute par terre ; sa course finit par reprendre, aussitôt étouffé par la distance.

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     (...) au milieu du sang et des cheveux collés, on entrevoyait une fine couche de chair rouge et quelque chose de ... blanc... oui, de blanc : l'os du crâne. En pénétrant dans la tête, la balle avait presque fait sortir de leur orbite les yeux de Yoshitoki. Les globes oculaires avaient tournés vers le ciel tels ceux d'un réfugié affamé devant une ration de nourriture. De la bouche entrouverte s'échappait un liquide rose, mélange de salive et de sang. Du sang plus foncé dégoulinait aussi des narines. Tous ces liquides formaient des traînées qui se dirigeaient vers le bas du visage pour se jeter dans la mer de sang s'écoulant de la béance du thorax. C'était atroce.

    (...) Quand Shûya souleva le cadavre, un trop-plein de sang se vida par terre en clapotant. Le corps était horriblement malingre et léger, sans doute à cause de tout ce dont il s'était vidé.

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     Bribes d'ailleursShûya avait l'impression de nager en plein cauchemar. Les deux moitiées gauche et droite du visage de Tatsumichi étaient maintenant légèrement décalées, conférant à cette figure un tel air d'irréalité qu'il était plus facile d'y voir une imitation en plastique. Pour la première fois de sa vie, Shûya se rendit compte de l'extrême fragilité et de l'extrême malléabilité du corps humain.

    Il préféra renoncer à fermer les yeux du cadavre. Il n'y avait plus réellement d'oeil ni de paupière gauches, du reste, sectionnés en deux comme ils l'étaient. Le restant de paupière rebiquait, et il n'avait guère de chance de parvenir à le refermer.


    Battle Royal, [Koushun Takami]


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